Les 5 commandements de la photo de voyage

Je me souviens du slogan publicitaire d’un célèbre Tour Operator qui clamait “ On peut tout rater, sauf ses vacances”.

J’ajouterais : “et ses photos de vacances !”.

N’avez vous jamais été frustré en rentrant de voyage de ne pas réussir à transmettre à vos proches ces sentiments qui vous ont traversé pendant votre périple ? Cette sensation d’absolu qui vous a laissé bouche bée devant des panoramas grandioses, ou ce goût si particulier d’un plat aux saveurs quasi indescriptibles ?

Moi si, bien souvent, et s’il y a bien un outil qui permettra de vous aider à mettre en image(s) votre récit, c’est bien évidemment la photo !

Mais pour éviter de faire revivre à vos proches les fameuses “soirées diapos” de tonton Georges, qui imposait à toute la famille en fin de repas des centaines d’images complètement inintéressantes (en plus d’être mal cadrées) de son dernier voyage en Egypte avec tata Simone, il faut faire preuve d’un peu de rigueur lors de la prise de vue et, si possible, comprendre les règles de bases de la photographie.

Pour vous aider dans cette tache je vais vous donner 5 conseils pratiques à appliquer lorsque vous aller dégainer votre boîtier !

Les heures interdites

Quand on parle de photographie, on parle avant tout de lumière, car c’est bien celle-ci qu’on cherche à capturer à travers l’objectif de nos appareils, et vous auriez tort de négliger son rôle pour magnifier un paysage, un portrait ou toute autre photo en extérieur.

En effet, de 10h à 16H (environ), je ne touche plus mon appareil, la lumière devient dure, bien trop directe et verticale, les images perdent tout modelé et donc tout intérêt.

Sans compter que si l’on ne maîtrise pas son appareil, on a vite fait de “cramer” toute ou une partie de l’image sous le soleil trop puissant du milieu de journée.

Et ne pensez pas qu’un temps couvert vous protège de cet effet “aplatissant” , les nuages vont certes atténuer un peu le rendu trop “dur” en jouant les filtres mais ce n’est pas satisfaisant pour réussir une belle photo.

Profitez donc ce que les photographes nomment “l’heure dorée”, à savoir non pas une mais disons les premières heures du jour, idéalement entre 6 et 8H pour les plus courageux, et une heure à deux heures avant la tombée de la nuit.  A ces heures ou le soleil est bas dans le ciel et la couleur plus chaude, vous obtiendrez un modelé très intéressant et des ombres qui s’allongent au sol en donnant à l’image beaucoup plus de charme et donc d’intérêt.

À l'aube même un paysage hivernal de campagne à quelques kilomètres de la maison prend une toute autre tournure
À l’aube même un paysage hivernal de campagne à quelques kilomètres de la maison prend une toute autre tournure

 

Soignez votre premier plan

Chaque photo doit exploiter un centre d’intérêt, c’est la règle de base de la composition d’un cadre lorsqu’on met l’œil dans le viseur (ou sur l’écran arrière de l’appareil).

L’idée est encore plus frappante avec une photo de paysage : en effet, imaginez vous en altitude sur le col d’un massif des Andes, perché à 6000 mètres d’altitude, une vue à couper le souffle s’offre à votre objectif et, euphorique ( sous alimenté en oxygène surtout) vous déclenchez bêtement sans prendre le soin de soigner la composition.

Erreur ! Une photo doit intégrer dans son cadre un point d’intérêt identifiable qui va donner tout son sens au paysage en arrière plan.

Avec cet exemple en zone montagneuse, un tas de pierre, une jolie cabane, une personne, un panneau indiquant l’altitude ou encore un véhicule pourront donner une caution à l’image qui aura une portée bien plus grande que le paysage seul, même si vous pensez qu’il se suffit à lui même lorsque vous vous y trouvez et que vous vivez l’instant.

Cette photo du Machu Picchu aurait beaucoup moins d’impact sans cette silhouette qui semble prendre son envol. C’est le pivot de la composition du cadre.
Cette photo du Machu Picchu aurait beaucoup moins d’impact sans cette silhouette qui semble prendre son envol. C’est le pivot de la composition du cadre.

 

Cette vue de ce paysage presque lunaire serait bien fade sans ce petit bus coloré et ce panneau indicatif qui donne plus de sens à l’image.
Cette vue de ce paysage presque lunaire serait bien fade sans ce petit bus coloré et ce panneau indicatif qui donne plus de sens à l’image.

 

La météo est votre amie

Beaucoup de gens pensent qu’une belle photo se prend sous un soleil radieux que le bleu du ciel va magnifier et ne prennent même pas le soin de sortir l’appareil photo du sac en cas de mauvais temps. C’est une erreur là aussi dans la plupart des cas.

Qui mieux qu’un ciel tourmenté va donner du caractère à vos images ?

En réalité l’image en extérieur est généralement composée de 30 à 50 % de ciel et ce sont bien souvent les nuages qui vont donner vie à votre composition.

Des nuages lourds, un ciel d’orage par exemple, vont donner un caractère dramatique à la photo et celle-ci va gagner en personnalité. D’autant que la pluie, la neige, le vent et tout autre événement climatique peut vous aider à trouver l’inspiration, en jouant avec les reflets d’une flaque d’eau au sol par exemple, le jeu de couleurs des parapluies et des cirés ou même réaliser des portraits originaux.

Cette plage Bretonne gagne nettement en reliefs grâce à ce ciel d’après tempête typique de cette région !
Cette plage Bretonne gagne nettement en reliefs grâce à ce ciel d’après tempête typique de cette région !

 

Qui dit qu’on ne peut pas prendre de jolies photos sous une trombe d’eau ? ^^
Qui dit qu’on ne peut pas prendre de jolies photos sous une trombe d’eau ? ^^

 

La pluie peut être une bonne alliée pour des portraits décalés ^^
La pluie peut être une bonne alliée pour des portraits décalés !

 

Prenez votre pied !

S’il y a un seul accessoire à ne jamais écarter si vous n’avez plus de place dans vos bagages la veille du départ, c’est bien le pied photo. Grand ou petit, il sera votre meilleur allié dans un tas d’occasion, notamment avec le retardateur si vous souhaitez être sur l’image ou si vous voulez vous essayer à la photo de nuit qui demande de longs temps de pose. Sachez que même si vous n’en avez pas l’impression, vous tremblez, et les endroits sombres demandent une vitesse d’exposition plus longue que la normale, laquelle va donner un flou disgracieux à la photo et gâcher l’effet recherché.




Personnellement si je ne veux pas m’encombrer avec un pied de grande taille, j’opte pour le modèle “Gorillapod”, le plus pratique à mes yeux, on peut le fixer partout, il est solide, léger, vraiment indispensable et coûte à peine plus de 30 euros.

Attention cependant au poids de votre appareil, ce type de pied ne supportera pas le poids d’un reflex équipé d’un objectif zoom de grande taille !

Dans ce cas, et si la place n’est pas trop un problème dans votre valise ou votre sac à dos, je vous conseillerai d’investir dans un pied carbone, certes plus onéreux, mais tellement léger et résistant qu’il ne vous décevra jamais. La marque Manfrotto est une référence en la matière mais les coûts sont particulièrement élevés.

Sans pied, pas de photos de nuit en pose longue !
Sans pied, pas de photos de nuit en pose longue !

 

Immortalisez l’humain

Je me rappelle d’un séjour en Asie avec un ami photographe qui s’était étonné de ma facilité à aller vers les gens pour les prendre en photo, lui-même étant gêné avec cette pratique jusqu’à me dire sèchement “on n’est pas au zoo”. Même si j’ai beaucoup d’admiration pour le travail de mon ami, j’ai été marqué par cette phrase que je trouve à la fois brutale et un brin idiote. En effet quel meilleur sujet que l’humain pour des photos réussies et le témoignage vivant d’une culture et d’un pays à travers le visage des gens qui l’ont façonné ?

Pour autant là ou mon ami avait raison, c’est que je remarque de plus en plus que beaucoup de photographes “arrachent” des portraits, volés ou forcés, monnayés parfois, et je trouve que ces pratiques irrespectueuses ne font pas honneur à notre passion pour la photographie. L’appareil photo est avant tout un outil pour provoquer les rencontres, ou du moins les faciliter, bref, pour échanger et partager un moment.

Il y a donc quelques astuces pour prendre des photos d’illustres inconnus sans les heurter ou sans chercher à leur “voler” leur image.

Tout d’abord allez au contact, oubliez que vous ne parlez pas forcément la même langue, le langage des signes et surtout le sourire seront vos meilleurs armes. Saluez ces personnes qui seront votre sujet, intéressez vous à ce qu’ils font et dites vous que la plupart des gens seront assez fiers du fait que vous songiez à les prendre en photo.

Si ce n’est pas le cas et si vous ressentez de la gêne, n’insistez surtout pas et éloignez vous poliment, toujours avec le sourire.

Ma “technique” personnelle consiste toujours à montrer l’écran à l’arrière de mon appareil et faire défiler les dernières images pour rassurer la personne sur mes intentions, je leur propose même parfois de me prendre d’abord en photo avant de leur demander si je peux leur tirer le portrait, ce qui marche à tous les coups !

Après le cliché, si je suis content de la photo, je la montre à la personne et si c’est possible, je lui propose de leur envoyer par email (tout dépend du contexte). Ce à quoi il faut se tenir évidemment au retour, question de politesse !

Dans tous les cas il est important de remercier chaleureusement le ou les sujets pour leur patience et leur permission.

Mais, et j’insiste sur ce point, ne jamais échanger un portrait contre de l’argent, même si c’est souvent demandé dans les endroits touristiques, j’ai la sainte horreur de ce type de commerce à l’image, et cela encourage les locaux à vendre une image d’eux même qui n’a plus rien d’authentique mais plutôt purement folklorique. Ce n’est pas ce qu’on recherche ici.

Un sourire, une amabilité, et voilà un joli portrait dans la boîte !
Un sourire, une amabilité, et voilà un joli portrait dans la boîte !
À propos de Romain Desailly
Toujours un appareil photo à la main, ce passionné de photographie et de vidéo aime à arpenter le monde pour chercher des réponses aux questions qu’il ne se posait pas avant de bourlinguer. Il est le co-créateur de ce guide voyage.
Un commentaire
  1. En effet la météo (mauvaise) peut être un véritable allié pour la photographie.
    Par contre, un gros ciel blanc avec des nuages bas, c’est pas top du tout.
    En résumé, grand soleil ou tempête sont surement les meilleurs alliés pour moi 🙂

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